Stargate Norway: la première gigafactory IA européenne (par OpenAI) bouleverse la géopolitique de l’intelligence artificielle

Stargate Norway: la première gigafactory IA européenne (par OpenAI) bouleverse la géopolitique de l'intelligence artificielle

Un événement inédit: l’émergence de la première gigafactory IA en Europe

Le 4 août 2025 marque une date historique pour l’actualité IA européenne et mondiale avec l’annonce officielle du lancement de Stargate Norway, la toute première gigafactory dédiée à l’intelligence artificielle sur le continent. Ce projet d’envergure, fruit d’une collaboration stratégique entre OpenAI, le conglomérat industriel norvégien Aker et la maison-mère d’infrastructures numériques Nscale, s’implantera à Narvik, au nord de la Norvège. Son site initial, le « Kvandal site », bénéficie d’une localisation stratégique entre réseaux énergétiques scandinaves et proximité des câbles transatlantiques.

La barre des 100 000 GPU Nvidia installés projette Stargate Norway au rang des plus grandes infrastructures IA mondiales, avec une puissance énergétique délivrée de 230 mégawatts. Le coût initial annoncé dépasse déjà 1 milliard de dollars, selon Yahoo Finance, et la roadmap prévoit une extension jusqu’à 520 MW. Ce chiffre propulse la gigafactory au cœur de la rivalité internationale pour la puissance de calcul, dans la veine du pari énergétique américain récemment dévoilé.

Ce projet est bien plus qu’un simple centre de données: il symbolise le basculement de l’Europe dans la course à la souveraineté numérique et à l’indépendance technologique, ouvrant une ère nouvelle où l’intelligence artificielle devient un levier géopolitique de premier plan.

Souveraineté, énergie et green compute: un pari technologique et politique

Avec Stargate Norway, l’Europe s’engage dans une stratégie audacieuse pour affirmer sa souveraineté technologique sur les infrastructures de l’IA, traditionnellement dominées par les États-Unis et la Chine. L’initiative répond à un double enjeu : assurer un contrôle souverain sur les capacités de calcul critiques et proposer une alternative plus verte face à la croissance exponentielle de la demande énergétique liée à l’IA générative.

Le choix de la Norvège découle d’un accès privilégié à l’énergie renouvelable, notamment l’hydroélectricité. Le site bénéficiera d’un approvisionnement en énergie quasi-exclusivement verte, ce qui s’inscrit dans la tendance à déplacer les data centers vers des régions riches en ressources renouvelables (Sustainability Magazine). À titre de comparaison, l’IEA estime que la consommation électrique des data centers pourrait plus que doubler d’ici 2030, rendant l’utilisation de telles énergies cruciales pour la réussite du projet.

Cet effort de « green compute » fait écho aux initiatives européennes de régulation écoénergétique, déjà en cours sous l’impulsion de l’UNESCO et dont les répercussions sont analysées dans cet article dédié. Avec Stargate Norway, l’Europe pose ainsi une première pierre vers l’indépendance et la durabilité énergétique de l’Internet des algorithmes.

OpenAI, catalyseur de la nouvelle carte mondiale de l’IA

Le choix d’OpenAI de faire de Stargate Norway sa première base européenne signe une inflexion majeure dans la géopolitique de l’intelligence artificielle. Jusqu’ici, les grands bassins de calcul étaient principalement concentrés entre la Silicon Valley, l’Asie de l’Est et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni. Désormais, Narvik s’impose comme un nouveau pôle international, attirant autour de lui un écosystème émergent de partenaires industriels, startups de deeptech, éditeurs de LLM et fournisseurs de hardware.

OpenAI ne vient pas seul : la fabrique norvégienne mobilise également de grands noms du secteur comme Nvidia (fournisseur des 100 000 GPU), Nscale ou encore Aker. Les répercussions attendues sont multiples: stimulation de la chaîne de valeur régionale autour du cloud et de la puissance de calcul, constitution d’un vivier d’emplois qualifiés et accélération de l’adoption d’IA générative « made in Europe ».

À l’échelle continentale, cette implantation renforce les efforts de souveraineté numériques déjà engagés, en ligne avec les ambitions de programmes phares comme « InvestAI » ou ceux de la Commission visant à doubler la puissance de calcul européenne d’ici 2030. Stargate Norway peut aussi compter sur un effet d’entraînement, à l’instar du partenariat analysé dans Mistral x Nvidia, qui prône une IA vraiment souveraine et compétitive sur la scène mondiale.

Quels enjeux pour les acteurs européens: développeurs, CTO, data scientists, investisseurs…

L’ouverture de Stargate Norway bouleverse d’ores et déjà les perspectives professionnelles et industrielles sur le vieux continent. Pour la première fois, des acteurs européens – développeurs, CTO, data scientists et investisseurs – auront accès à des ressources de calcul intensif massives, jusqu’alors réservées aux géants américains ou chinois. Ce choc d’offre promet de nouveau services pour la recherche académique, des opportunités inédites pour les startups deeptech désireuses de faire émerger des modèles de langage ou solutions IA à grande échelle.

Cette gigafactory va aussi intensifier la « guerre des talents », déjà vive autour des spécialistes IA, dans les métiers du cloud, du hardware, de la cybersécurité et de l’optimisation énergétique. Les effets d’entraînement devraient se diffuser dans l’ensemble de l’écosystème, donnant naissance à des hubs régionaux, à l’image de ce qui se dessine en France, en Allemagne et en Scandinavie.
À terme, la consolidation d’une infrastructure européenne de pointe facilite une meilleure maîtrise des données, condition clé d’une souveraineté numérique réelle et d’une innovation compétitive, comme évoqué dans cette étude stratégique.

Cet écosystème de calcul intensif européen ouvre la voie à une autonomie accrue de la recherche, à la création d’une offre IA « européenne » et à la possibilité d’attirer de nouveaux investisseurs, désireux de soutenir la compétitivité de l’Europe dans la machine learning et le deep learning.

Conclusion: l’IA européenne entre ambition, dépendances et réalités géopolitiques

Stargate Norway s’annonce comme le symbole d’une révolution IA européenne ambitieuse: elle pose le socle d’une souveraineté technologique retrouvée, impulse l’innovation verte et modernise la chaîne de valeur industrielle. Mais les défis restent nombreux: la dépendance à OpenAI comme client-pivot, la robustesse de la sécurité énergétique face aux pics de consommation à venir (Politico), la pression concurrentielle exacerbée et les exigences de la régulation européenne en matière de data governance et d’éthique.

L’Union européenne devra accélérer la montée en puissance d’acteurs locaux et garantir une régulation harmonieuse favorisant l’innovation sans sacrifier la souveraineté. D’autres projets de gigafactories sont déjà annoncés (Allemagne, France, Pologne), tandis que les grands acteurs privés comme OpenAI, Nvidia ou Amazon Bedrock affûtent leur stratégie sur le Vieux Continent.

La compétitivité future de l’IA européenne dépendra de la capacité à transformer cette première victoire industrielle en moteur d’un écosystème capable d’aligner souveraineté, autonomie énergétique, excellence technologique et innovation responsable. La course mondiale ne fait que commencer.